Sur Internet, à la télé, dans les newsletters ou ailleurs, fusent des conseils pour pratiquer une mono-diète, en cette saison en particulier la cure de raisin. C’est une excellente idée, au vu de notre alimentation généralement trop riche, de notre activité trop sédentaire,de l’abondance alimentaire et du non-respect des saisons. L’objectif est à la fois de donner au corps une pause, un petit repos et à la fois de faire un peu de détox. Comment savoir si cette cure peut vous être bénéfique ou si vous feriez mieux de choisir un autre aliment pour votre mono-diète ?
Selon ma vision, chaque personne est différente, chacun a ses propres besoins. Ainsi, nous ne sommes pas tous faits pour telle cure ou telle mono-diète. Dans ce petit article, je vous donne quelques clés pour savoir si pratiquer une mono-diète de fruits est bon pour vous.
L’ayurvéda – le premier critère
Pour un effet bénéfique espéré d’une mono-diète de fruit, assurez-vous de pouvoir supporter les fruits en grande quantité. L’ayurvéda est d’une grande aide pour le déterminer, ses préceptes plurimillénaires aident à y voir plus clair. Dans l’ayurvéda on distingue trois éléments, appelés doshas : le vatta – le mouvement -, le pitta – le feu, la transformation – et le kapha – la terre, la préservation. Les trois éléments sont présents dans chacun de nous, dans des proportions variables, mais la plupart du temps un ou deux éléments prédominent.
Il existe beaucoup de questionnaires et de descriptions dans les livres et sur internet pour pouvoir avoir une idée de son état actuel. Si votre résultat est pitta ou bi-dosha (c’est à dire que deux éléments sont très présents avec un écart de plus de 10 points par rapport au troisième par exemple dans le questionnaire de Deepak Chopra) avec une dominance pitta, cela signifie que votre nature profonde permet de tirer bénéfice des fruits et d’une cure de fruits. Par contre, si dans votre constitution vous êtes à prédominance vata ou kapha, choisissez un autre produit que les fruits pour votre mono-diète, vous en retirerez beaucoup plus de bénéfices. L’explication que l’ayurvéda donne est la suivante : pour une personne vata ou en excès vata les aliments aériens aggravent la situation, la consommation de fruits n’est donc pas encouragée. Par ailleurs on conseille plutôt des aliments cuits que crus dans ces cas de figure. Pour les kapha en principe les crudités conviennent bien. Par contre il est conseillé de faire attention aux sucres, y compris les fruits en grande quantité. Ces personnes à prédominance kapha peuvent tirer bénéfice du jeûne ou bien elles peuvent sauter des repas, bénéficier du jeûne intermittent ou bien faire une cure plutôt avec des légumes crus.
Si vous êtes à prédomincance pitta dans l’ayurvéda, une monodiète de fruits peut donc vous convenir. Mais il vous reste une autre chose à vérifier : la glycémie instable.
La glycémie instable – le deuxième critère
La glycémie instable est caractérisée par la mauvaise gestion des glucides par le corps pour différentes raisons. En gros le corps ne parvient pas à traiter les glucides qui arrivent par le biais de l’alimentation, qu’ils soient issus de bons fruits bio ou pas. Attention, ce n’est pas une question de « mal » manger ou de manger « trop » sucré, c’est une question d’interaction entre un aliment donné et un corps donné à un moment donné. Vous pouvez détester le chocolat et les desserts, mais vous pouvez toujours souffrir d’une glycémie instable si votre alimentation ne convient pas à votre nature profonde, même si vous mangez comme c’est décrit dans les bibles de l’alimentation santé. Votre état organique actuel peut modifier la donne du profil, c’est à dire que si vous êtes fatigué, stressé, malade, etc etc, les capacité du corps pour digérer, assimiler et tirer profit des aliments change. Ce qui veut dire que ce qui vous faisait du bien à un moment donné, aggrave peut être votre état aujourd’hui. Il n’y a pas de règle, vu que la santé est un état dynamique, qui change sans cesse.
Comment savoir si vous présentez des symptômes de glycémie instable ?
- Les repas vous rendent-ils somnolents?
- Êtes-vous nerveux ou irritable par moments au cours de la journée et vous sentez-vous plus calme après le repas?
- Si vous sautez un repas ou s’il est retardé, ressentez-vous des vertiges, des maux de tête, vous sentez-vous fatigué, irritable ou angoissé?
- Avez-vous des rages de salé (fromage, pain-beurre, chips etc.) ou des envies fréquentes de sucre (fruits, bonbons, gâteux, fruits secs, chocolat etc.)?
- Connaissez-vous des baisses d’énergie ou d’humeur après cette consommation (1 heure ou 2 heures après)
- Avez-vous des palpitations cardiaques (hors maladies du coeur), surtout après les repas ?
- Lorsque vous prenez du poids, se concentre-t-il autour des hanches et de la taille?
- Avez-vous des sueurs nocturnes (hors ménopause) ?
- Avez-vous souvent soif (une réelle soif, pas une habitude prise de boire beaucoup !)
- Avez-vous parfois des envies subites de pleurer sans raison ? (hors grossesse)
- Vivez-vous des périodes de confusion mentale, avez-vous l’impression que votre mémoire s’affaiblit?
- Avez-vous des pertes d’énergie, des coups de barre périodiques ?
- Avez-vous facilement des bleus ?
- Avez-vous des cernes sous les yeux, même avec des nuits normales de sommeil?
- Vous sentez-vous souvent stressé, submergé ?*
(* Questionnaire de Julia Ross, issu du livre Libérez vous des fringales, Edition Thierry Souccar, 2011)
Si vous avez répondu OUI à plus de 5 questions, il est assez probable que votre corps n’arrive pas à métaboliser la quantité de sucres que vous avez dans votre alimentation. Ne vous inquiétez pas, en soi cela n’est pas grave.Ce n’est pas une maladie, cela veut juste dire que vous pourriez fonctionner avec plus d’efficacité et ainsi éviter les désagréments mentionnés dans les questions 🙂 Avec une approche alimentaire bien ciblée, on peut y remédier efficacement. Sur mon site vous trouverez des pistes pour y parvenir, et vous trouverez même un cours par e-mail pour modifier vos habitudes petit à petit, en douceur. Dans le cas où vous avez plus de 5 réponses positives, il vaut mieux s’abstenir d’une cure de raisin, vous avez compris 🙂 Voici l’explication.
Avec une glycémie instable il est déconseillé de consommer des fruits en grande quantité. L’approche est plutôt de limiter tous types de glucides pour calmer les orages mentaux, hormonaux et énergétiques. La question n’est pas de manger bio ou pas, complet ou pas, avec index glycémique bas ou pas. A ce niveau-là le corps ne parvient pas à réguler la quantité de glucides, d’où qu’elle vienne. Alors pour une mono-diète choisissez un autre aliment que les fruits, sinon vous allez être shooté au sucre. En effet, c’est agréable, me disent certains. Je ne le nie pas. Mais bon, pour le long terme et surtout si on vise une cure de raisin pour des raisons de santé, cela peut être très contre-productif : aggravation de la glycémie instable, dépendance aux sucres, hypoglycémies avec baisse de moral et d’énergie, ou développement de compulsions alimentaire pour ne nommer que quelques-uns des inconvénients.
Pour récapituler, on peut dire que les personnes de typologie Pitta, ne souffrant pas de glycémie instable sont bien adaptées à une mono-diète de fruits. Pour les autres cas de figure, il vaut mieux chercher côté légumes, bouillon, pain sec, lait cru ou autre 🙂 Vous pouvez également essayer la cure Kitchiri (ou Kitchari) de l’ayurvéda : 5 jours avec un mélange de riz, beurre clarifié, germes de haricots mungo matin-midi et soir. Chez certains de mes clients, cela fait partie de leur hygiène de vie et cela fait beaucoup de bien quand on a besoin d’un petit nettoyage d’entretien.
*Julia Ross : Libérez vous des fringales ! Ed. Thierry souccar, 2011
** Taty Lauwers, Canaris de la modernité, Aladdin, 2010