Troubles du comportement – La pomme plaide coupable

failsafe_témoignage pomme
Traduction : « Nous sommes tellement frustrés. Lundi nous avons terminé les trois semaines de régime éliminatoire. Mon fils était sans aucun symptôme depuis une semaine environ. Son meilleur comportement depuis très longtemps et son calme était un changement très apprécié. Nous nous sommes dit qu’on pouvait lui donner une pomme comme test et wow, 15 minutes plus tard il courait dans tous les sens dans la maison en hurlant et en sautant sur les lits, incapable de se contrôler. »

Vous avez bien lu. Une POMME a déclenché tout cela. Une pomme, qui après trois semaines de régime pauvre en salicylates a été la source de troubles du comportement. Cela vous étonne ? Afin d’y voir plus clair, je vais vous raconter l’histoire des aliments sains qui peuvent faire du mal.   Il existe plusieurs explications, plusieurs déclencheurs au niveau alimentaire, bien entendu. Aujourd’hui je vais me concentrer dans mon récit sur un type de molécules, les salicylates. 

Qu’est ce que les salicylates ?

Les salicylates sont des composants phénoliques naturellement présents dans de nombreuses plantes pour les protéger contre des nuisibles et des maladies– des pesticides naturels en quelque sorte. (C7H6O3 en chimie).

On les trouve dans la plupart des fruits, dans les fruits à coque, dans beaucoup d’herbes aromatiques, dans des épices, dans le thé et dans beaucoup d’additifs. (p. ex. les citrus, les baies, la sauce tomate et la menthe sont naturellement très riches en salicylates, ainsi que les produits contenant ces arômes, comme les crèmes, dentifrices, sirops, aliments). On en trouve également dans certains médicaments, parfums, plastiques, pesticides et conserves, et leurs effets négatifs se font sentir quand on les inhale ou quand on les ingère.

Pourquoi un aliment sain peut poser problème ?

Dans l’alimentation traditionnelle les sources de salicylates étaient beaucoup moins présentes, les gens mangeaient des végétaux mûrs, ils respectaient les saisons. Aujourd’hui la sélection de variétés résistantes ou la cueillette précoce sont aussi responsables de l’augmentation de la  teneur en salicylates. Quand on est sensible à ces molécules, elles causent non seulement certains des symptômes désagréables cités plus tôt, mais aussi une inflammation latente. Or, on sait que l’inflammation contribue largement aux maladie graves comme les maladies auto-immunes ou le cancer. De plus, la sensibilité s’aggrave avec les doses et le temps, c’est à dire que les aliments mangés à différents moments de la journée ou jour après jour se cumulent.

L’alimentation moderne est beaucoup plus riche en salicylates que l’alimentation traditionnelle. En effet, nous mangeons la plupart du temps des fruits et des végétaux cueillis verts. L’industrie choisit des variétés résistantes pour une vie plus longue sur les étals, nous mangeons beaucoup plus de fruits que de légumes, nous mangeons plus de produits transformés (jus, sauces, conserves).

Notre environnement est également plus riche en salicylates en raison des médicaments, des crèmes, des dentifrices mentholés, des parfums, des produits ménagers parfumés, des pesticides et des plastiques. 

Quels sont les symptômes d’une sensibilité aux salicylates ?

Les symptômes d’une intolérance aux salicylates peuvent être très variés, d’où une reconnaissance parfois difficile à mener. Quelques exemples :

  •   migraines, maux de tête
  •   rougeurs de la peau, urticaire, eczéma, et divers problèmes de peau
  •   syndrome de l’intestin irritable
  •   reflux des bébés
  •   nausées, vomissements
  •   ballonnements, gaz
  •   constipation ou diarrhée
  •   cystites ou énurésie
  •   pipi fréquent
  •   asthme, nez qui coule, polypes nasaux, besoin fréquent de se racler la gorge
  •   problèmes d’inattention, de comportement
  •   problèmes de sommeil, terreurs nocturnes, apnées du sommeil
  •   anxiété, dépression, crises de panique
  •   tachycardie, arythmie
  •   problèmes d’ouïe, perte d’audition
  •   douleurs articulaires, arthrite
  •   troubles du comportement
  •   etc. 

Que dit la recherche ?

Les premières recherches sur les salicylates remontent aux années 70. Un pédiatre, Ben Feingold a étudié le lien entre la sensibilité aux composants chimiques (naturels ou de synthèse) et l’hyperactivité. L’hyperactivité peut être déclenchée par des additifs synthétiques – en particulier les couleurs synthétiques, les arômes synthétiques et les conservateurs BHA, BHT (et plus tard TBHQ) – et également un groupe d’aliments contenant des salicylates naturels. Il a aidé des milliers de familles d’enfants en détresse et l’Association Feingold continue son travail.

En Australie, à l’hôpital Royal Prince Alfred Hospital à Sydney des chercheurs ont poursuivi les pistes soulevées par Feingold. Ils ont étendu leur recherches à certaines autres molécules et aujourd’hui ils aident les enfants atteints de troubles de l’attention, d’hyperactivité, d’infections à répétitions, asthme, problèmes de peau, fatigue chronique, dépression dans un cadre médicalisé. L’approche australienne s’appelle FAILSAFE.

Cette piste a été étudié par Taty Lauwers qui transmet sa propre version dans son ouvrage Canaris de la modernité, aidant ainsi les familles en besoin d’aide grâce à des pistes pratiques et concrètes.

  •   Les salicylates sont présents dans beaucoup de fruits, épices, herbes, fleurs, graines
  •   Elles régulent la  croissance, la fleuraison, le vieillissement et protègent contre des nuisibles et des maladies
  •   Les fruits verts en contiennent plus que les fruits mûrs
  •   Les salicylates se concentrent juste en dessous de la peau (d’où la nécessité du pelage)
  •   la cuisson/transformation augmente la teneur en salicylates d’un aliment (jus, sauces, pâtes, poudres, confitures, sirops et arômes)
  •   Ils sont davantage présents dans les plantes génétiquement modifiées (OGM)
  •   Ils sont utilisés comme médicaments, par ex. l’aspirine

L’hypothèse

On pense que les salicylates agissent  en inhibant deux enzymes cyclo-oxygénase (COX) qui catalysent des réactions pour convertir l’acide arachidonique en prostaglandines (des molécules responsables pour les maux et l’inflammation)  et leukotriènes. Quand les salicylates bloquent la production des prostaglandines, davantage de leukotriènes pro-inflammatoires sont produits. D’autres recherches suggèrent des dérèglements au niveau des mitochondries dans la production de l’ATP (phosphorylation oxydative)

Il existe des recherches montrant les effets des salicylates médicaux et alimentaires sur le comportement et les capacités d’apprentissage des enfants 1, 2

Des chercheurs australiens ont découvert dans les années 80 que beaucoup plus d’aliments qu’on ne le pensait contenaient des salicylates. Avec une nouvelle liste d’aliments et d’additifs, presque 90% des enfants impliqués dans cette recherche ont amélioré leur comportement. 3

En 2002 le premier essai en double aveugle a été conduit en Australie. Le comportement de 100% des enfants qui ont pratiqué le régime pauvre en salicylates ET dépourvu d’additifs pendant 2 ou 3 semaines a considérablement changé. 4

Comment prévenir une sensibilité aux salicylates ?

  •   mangez 5 LEGUMES par jour et non pas 5 fruits
  •   limitez les fruits à grand maximum 2 par jour, toujours de saison, locaux et mûrs
  •   mangez plutôt des végétaux frais et non transformés, fraîchement cueillis
  •   limitez la consommation des fruits à coques, oléagineux à l’équivalent d’une dizaine de noix de cajou tous les deux jours et alternez les types de noix
  •   recherchez les variétés anciennes
  •   n’abusez pas du thé, surtout pas du thé vert sous prétexte « santé »
  •   faites le ménage comme nos grands-mères le faisaient : vinaigre, bicarbonate et savon non parfumé
  •   évitez les produits aromatisés (même en bio) et les additifs
  •   utilisez peu de cosmétiques et de très grande qualité, sans parfums, sans huiles essentielles
  •   réservez les huiles essentielles aux cas d’urgence : pas d’utilisation quotidienne
  •   n’abusez pas de miel et de la famille coco
  •   n’abusez pas de l’huile d’olive et des autres huiles végétales (intégrez des sources animales de graisses dans votre alimentation), variez les sources

Vos enfants ne sont pas des cobayes

Résistez à l’envie de faire des essais alimentaires sur eux malgré la présence de quelques symptômes mentionnés. Comme je l’ai indiqué dans l’introduction, il ne s’agit que de l’une des pistes possibles. Si vous avez des soupçons, prenez rendez-vous avec un professionnel qui pourra vous conseiller. Entre autres, vous trouverez la listes des référents formés à l’approche de Taty Lauwers ici.

Pour aller plus loin :

http://www.sswahs.nsw.gov.au/rpa/allergy/

http://www.feingold.org/salicylate.php

Livre de Taty Lauwers : Canaris de la modernité

Thèse de Anne Swain

Notes :

1 Feingold BF. Hyperkinesis and learning disabilities linked to the ingestion of artificial food colours and flavours. J LearnDisabil. 1976;9(9):19-27. http://www.feingold.org/Research/PDFstudies/Feingold76.pdf

2 Fitzsimon M, Holborow P, Berry P, Latham S. Salicylate sensitivity in children reported to respond to salicylate exclusion. Med J Aust 1978;2(12):570-2.

3 Swain A, Soutter V, Loblay R, Truswell AS. Salicylates, oligoantigenic diets, and behaviour. Lancet 1985;2(8445):41-2.

4 Dengate S, Ruben A. Controlled trial of cumulative behavioural effects of a common bread preservative. J Paediatr Child Health 2002;38(4):373-6.

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